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Pour ne pas être traité de raciste, Sarkozy le devint dans ses mots

Sur le plateau de «Quotidien», l’ancien président de la République a osé la plus absurde des plaidoiries, nourrissant le verdict qu’il voulait conjurer.

Il manque des phrases dans le bredouillé sur les singes et les nègres de Nicolas Sarkozy qui nous a émus, l’autre fin de semaine. Le bruit un peu calmé, à fin d’éclaircissement, je me permets ici de rétablir les ellipses d’un homme en confusion, dont l’élocution ne peut canaliser la fièvre. Ces suggestions (en italique) sont plus longues que le prononcé lui-même (en gras). Nous discuterons de mon hypothèse.

À ce stade de l’émission «Quotidien», jeudi 10 septembre 2020, Nicolas Sarkozy, pour défendre Didier Raoult, dit du mal des intellectuels et intellectuelles progressistes (dans le vocabulaire de ce résident du XVIe arrondissement, ci-devant de Neuilly, on dit «élites») et ranime la vieille image des trois singes qui se masquent des mains les oreilles, les yeux et la bouche.

«Cette volonté des élites qui se pincent le nez, qui sont comme les singes, qui n’écoutent personne… Ohlala, qu’est-ce que je suis en train de dire… Je ne sais pas si… Bien sûr que je le sais. Je vais encore me faire traiter de raciste parce que j’ai dit “singe”. Les élites et les petits marquis, la gauche, les journalistes, ils vont recommencer, ils vont jurer qu’en disant “singes”, je vise les Noirs… Je n’y pensais même pas mais mais maintenant j’y pense, je ne pense plus qu’à ça: évidemment, les singes, les Noirs, ce qu’ils vont me faire dire… C’est ridicule, mais ils sont capables de tout. On a le droit de dire “singe” parce…? Je ricane, mais c’est dur. Je ne suis pas dupe de ce qu’ils préparent… ils vont dire que je pensais aux Noirs! On le droit de dire “singe”, aujourd’hui, quand tous les mots sont interprétés de travers? J’ai l’habitude, ces gens-là me détestent, mais il n’y a pas que moi… Il suffit de regarder ce qui se passe. On n’a plus le droit de dire… On n’a même plus le droit de dire –on n’a plus le droit d’écrire le mot “nègre” dans le titre d’un livre… Ce qui est arrivé à Agatha Christie, la pauvre… Comment s’appelle son bouquin maintenant? Avant c’était Dix petits nègres, je l’ai lu. Je ne vais pas dire “Dix petits nègres”, ça risque de faire raciste… Je ne devrais pas avoir peur quand même… On dit quoi? Les Dix petits soldats, maintenant, c’est ça? Non ce n’est pas ça. Zut. Ils ne vont pas comprendre. C’est quand même grave… Elle progresse, la société. Je sens que je grimace, mais c’est horrible. Je devrais dire “Dix petits nègres”, je n’ose pas, je ne veux pas tomber dans ce piège. Mais ils vont comprendre? Vous voyez le livre? Ouf, Barthès a compris, il a dit “Agatha Christie”. C’est clair pour tout le monde, je m’en suis bien sorti. On n’a plus le droit maintenant. On n’a plus le droit de dire “nègre”, mais moi j’ai le droit de dire “singe”, je ne vais pas me laisser impressionner. On a peut-être le droit de dire “singe” sans insulter personne.»

Il faut apprécier l’ironie d’une ruine. Ce n’est pas pas parce qu’il est raciste que Nicolas Sarkozy a associé les «nègres» et les «singes». Il prétend au contraire ne pas être raciste et certainement, en conscience, sincèrement, ne l’est pas, mais il souffre que souvent on l’en a accusé. Cette souffrance lui fait perdre le sens commun: pour s’en prémunir, il a osé la plus absurde des plaidoiries, nourrissant le verdict qu’il voulait conjurer. Imaginons ceci comme une fable sordide: «Pour ne pas être traité de raciste, il le devint dans ses mots.» Nègres, singes. Sarkozy s’y est mis tout seul, dans un affolement de neurones. Cela n’est pas moins triste. Cet homme qui nous a présidé est un endolori que ses ennemis obsèdent: le mal qu’on lui a fait. Il ne voit qu’une injustice, celle qui le poursuivrait. Il nous abîme alors, peu lui chaut? Les dégâts lui survivent.

Dans le monde tangible, un ancien chef d’État de la patrie des droits de l’homme a fait siens les pires des clichés. Il portera cette tache, mais également la France à travers lui. Ses partisans, ses amis, volant à son secours, valident son propos, l’atténuent, le nient; ses adversaires, les simples indignés, affirment que nous fûmes, de fait, dirigés par un salaud. Nous sommes prisonniers des faiblesses d’un homme qui ne sait ni ne veut maîtriser sa parole, discipliner son ire. Concernant celui-là, ce n’est pas inédit.

Il s’agissait moins de pensées mauvaises que de jactance

Je me souviens de Nicolas Sarkozy, en 2005, ministre de l’Intérieur, cassant, hostile, odieux presque envers les proches des adolescents de Clichy-sous-Bois tués dans un transformateur électrique après avoir couru devant des policiers. Vexé qu’on le mette en cause, il avait rappelé sèchement qu’il avait reconnu l’islam en France et créé le Conseil français du culte musulman, cela méritait bien le respect des endeuillés.

Je me souviens de Nicolas Sarkozy en 2007, président nouveau tançant un continent dans un discours prononcé à Dakar, dans la griserie des mots qu’on lui avait écrits, plein de lui-même et de sa vision, piétinant l’histoire et l’affect de ceux auxquels ils s’adressait.

Je me souviens de Nicolas Sarkozy en 2010, président déclinant, inquiet de sa réélection, lâchant son verbe puis son État contre les Roms, la délinquance, l’immigration, tous sujets mélangés, et attirant sur la France la réprobation d’un monde civilisé.

À chaque fois, il s’agissait moins de pensées mauvaises que de jactance et d’ego, de circonstances, d’inculture parfois, d’absence d’empathie. L’homme Nicolas Sarkozy ne méprisait personne, mais il s’aimait trop pour ressentir les autres, banlieusards ensanglantés ou Africains blessés. Il contemplait sa verve, croyait-il son courage, son franc-parler que l’on vantait souvent. Le commentaire politique analysait son «parler cash». La tentation des nègres en est possiblement une continuité.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que Sarkozy s’oppose aux élites pusillanimes, qui ne sauraient comprendre les problèmes du temps. C’est une affaire de style autant que de conviction. Une manière de parler, affranchie des codes et de la prudence, de la décence, mais qui dirait le vrai. L’épisode du Karcher, en 2005 encore, fut une acmé: devant la famille d’un enfant tué lors d’un affrontement entre bandes, Nicolas Sarkozy affirmait la volonté de l’État de juguler la délinquance en nettoyant les cités; pourquoi n’entendait-on que son hubris, et si peu sa tendresse pour le garçonnet disparu?

Obama/Sarkozy, comparaison cruelle et intemporelle

Le style perd-il l’homme? Sur le plateau de «Quotidien», Nicolas Sarkozy –prenons-le au sérieux– a pu vouloir dénoncer une mode politique qui efface la mal-pensance au nom de la vertu, qu’on appelle aux États-Unis la cancel culture, qui abat des statues pour réparer l’esclavage et ostracise des universitaires, et qui en France saccagerait au nom des Noirs le nom d’un roman policier. La charge n’est pas originale, mais après tout, pourquoi pas? Mais la manière fut tragique.

Que l’on compare, un instant, le salmigondis des nègres et des singes à la réfutation que Barack Obama livrait à l’automne 2019, devant des jeunes activistes: «Cette idée de la vigilance et de la pureté, l’idée que vous ne ferez jamais de compromis, vous devez la dépasser, rapidement. Le monde est compliqué. Des gens qui font de bonnes choses ont des faiblesses. D’autres, que vous combattez, peuvent aimer leurs enfants, et partager des valeurs avec vous. […] J’ai parfois l’impression que des jeunes gens pensent qu’ils changeront la société en jugeant les autres. Ce n’est pas de l’action politique. Cela ne mènera nulle part.» Cela se tient mieux que: «On a le droit de dire singe parce…? On n’a plus le droit de dire… On dit quoi? Elle progresse, la société.»

La comparaison est cruelle. Elle n’est qu’une nouvelle avanie. Nicolas Sarkozy, à l’Élysée, ironisait sur Barack Obama. Il jalousait son aura et trouvait imméritée sa popularité. Élu une grosse année après lui, Obama lui avait volé le talisman de la modernité dans le monde occidental. Il fascinait les intellectuel·les et la jeunesse européenne, quand Sarkozy grisonnait comme l’ancien monde.

Avant 2008, sénateur en ascension, Obama avait affiché sa proximité avec le dynamique Français. Élu, il l’avait snobé, préférant dîner en ville, un soir, à Paris, plutôt qu’à l’Élysée, et avait –cruauté d’une grande puissance qui avance à son rythme– piétiné les ambitions louables de la France à la Conférence environnementale de Copenhague, à la fin 2009. Nicolas Sarkozy s’était mal remis de cette goujaterie et de ces injustices. Elles s’ajoutaient à tant d’autres humiliations. C’est de dépit qu’il se racornit, un peu plus à chaque déconvenue.

Un spectacle poignant, pour peu qu’on se souvienne de ce qu’il fut

J’ai bien aimé cet homme, au-delà de ce que ma profession autorise, pour une gentillesse malaisée mais féconde, et ce qu’il essayait de construire, à ses débuts. À l’abri de son verbe, Sarkozy tâtonnait une droite moderne, réceptive à la société. Il regardait avec confiance les musulmans, l’écologie, les soubresauts du monde. Le Grenelle de l’environnement exista par lui, ainsi que les tentatives de restauration d’un ordre international contre la crise, entre les premiers G20 et Copenhague.

La tristesse de tout cela? Sarkozy renonça à ses espérances à force d’échecs et de vexations, croyant y trouver son intérêt. Il renonça à l’écologie, «ça commence à bien faire»; il devint l’apprenti-sorcier de l’identité; il cessa de quêter l’amitié des intellectuel·les de gauche, qu’il avait recherchée, pour fustiger les élites. Puisque le progrès n’avait pas voulu de lui, il serait la plus banale des réactions.

Tout ceci est connu. Le drame de Nicolas Sarkozy n’émane que de lui. Le spectacle qu’il donne est poignant, pour peu qu’on se souvienne de ce qu’il fut, ce qu’il promettait. «On sent en lui une force, une volonté, des idées. C’est sur cette base-là que nous le jugerons», avait dit de Nicolas Sarkozy un vieux sage, en 2006, un an avant son élection à l’Élysée. L’alors ministre de l’Intérieur avait pris cette phrase sybilline d’Aimé Césaire comme un adoubement. Elle rend aujourd’hui un son étrange. Qu’aurait pu penser Césaire des nègres et des singes? Qu’a-t-il fait de sa force, Nicolas Sarkozy, de sa volonté, de ses idées?

Sarkozy avait bataillé pour rencontrer Césaire. Il avait mobilisé ses réseaux aux Antilles, pour dépasser les résistances du patriarche et de l’entourage du patriarche. C’était l’époque où rien ne devait lui résister. Le poète de la négritude, le contempteur du colonialisme, le père d’une Martinique fière et pourtant intégrée à la République, un département, semblait incarner l’espérance pour Sarkozy l’ambitieux, peut-être une meilleure part de lui-même.

Ses ennemis l’habillaient déjà en réactionnaire; il figurait, depuis les émeutes de 2005, l’ennemi des banlieues, l’homme qui réprimait la France arabe, noire, musulmane, révoltée dans ses cités. Les progressistes faisaient mine de ne pas entendre quand, dans les affrontements, certains criaient «Sarkozy sale juif»: il faut être deux pour gâcher une histoire. Césaire rattrapait tout cela. Peut-on être raciste si Césaire vous aime? Il était un viatique et une conquête, une preuve, un talisman. Peut-être, aussi bien, Sarkozy l’admirait-il.

En 2005, il avait renoncé à un voyage en Martinique, apprenant que Césaire refusait de le voir, outré que la droite au pouvoir ait voté un amendement vantant le rôle positif de la colonisation (l’auteur de l’amendement était le député du Nord Christian Vanneste, qui était le mentor du jeune Gérald Darmanin, l’histoire a de ces raccourcis). Un an après, tout s’arrangeait. Dans le bureau de Césaire, à Fort-de-France, Sarkozy riait.

Le Sarkozy des immenses possibles

Nicolas Sarkozy dit aujourd’hui (il le raconte dans son livre Le Temps des tempêtes) que Césaire lui narra sa rencontre, jeune étudiant en Hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand, avec les futurs présidents du Sénégal et de France Senghor et Pompidou, d’un an plus avancés dans leurs études. L’anecdote est plausible. Césaire racontait souvent son échange initial avec Senghor:

– Bizuth, comment t’appelles-tu?
– Aimé Césaire, de Martinique.
– Moi, Léopold Sédar Senghor, Sénégal. Bizuth, tu seras mon bizuth.

Qu’il l’ait également offerte à un ministre n’atteste pas d’une relation très forte; il fallait bien meubler la conversation. Quand Césaire mourrait, en 2008, Nicolas Sarkozy serait à la hauteur de la perte, retournerait en Martinique et offrirait au poète un hommage national. Le 6 avril 2011, le président Sarkozy prononça peut-être son plus beau discours en inaugurant une plaque au nom de Césaire, posée au Panthéon. Que les mots soient venus de lui ou que ses plumes aient eu cette fois du talent, ils firent résonner au plus juste les vies et les mots, les combats.

Debout dans la cale
debout dans les cabines
debout sur le pont
debout dans le vent
debout dans le sang
debout et libres.

Dans cette crypte nationale, Nicolas Sarkozy ne ressemblait pas aux thèmes qu’il agitait pour se faire réélire. Il était à nouveau le Sarkozy des immenses possibles, valant plus et mieux que ses démagogies, loin des trivialités de la vie politique: une meilleure part de lui-même, que lui-même. Mais cette part, fut-elle vraie, une composante de son être, ou simplement un fantasme, une illusion, inatteignable?

Sur le plateau de «Quotidien», Nicolas Sarkozy a parlé de Césaire et pas seulement de singes. Il semblait passionné. Pourtant, ses mots n’ont pas eu la richesse du Panthéon. Il n’a pas récité un seul morceau de poème, les avait-il oubliés, les avait-il connus autrefois, ou simplement lus un jour de discours? À la place, il a décrit Césaire avec des expressions banales, «un homme tout à fait remarquable»«le haut de gamme»«un intellectuel, et quel intellectuel Aimé Césaire, le poète de la négritude, qui a écrit des choses extraordinaires». Et, foin de l’émotion, la disparition du poète avait été «une opportunité formidable» pour qu’on cesse de réduire au sport («pourtant j’adore le sport») Guadeloupe et Martinique et pour dire aux Antilles, «on fait rentrer l’un des vôtres au Panthéon»

Nicolas Sarkozy ne parlait pas de Césaire. Il ne parlait que de lui, un moment de sa gloire, de sa vista, de son passé mythifié, des belles espérances, de ses idéaux d’homme politique qui voulait promouvoir la diversité française, tant il la ressentait en lui –il aurait mérité une meilleure suite. Sarkozy parlait de lui, pourquoi serait-ce gênant?

Pour ce qui suit maintenant.

Un manque d’intérêt pour d’autres que soi-même

Racontant à «Quotidien» la panthéonisation de Césaire, Nicolas Sarkozy ajouta ceci: le jour de la cérémonie, «un brave type anonyme qui y assistait avait dit “vous vous rendez compte c’est le premier Noir, j’espère qu’il y en aura d’autres”, il avait tout compris». Ce «brave type anonyme» est étrange. Dans son livre, Nicolas Sarkozy rapporte l’anecdote avec plus de tenue, et affirme qu’«un certain Jean Liseron», interrogé par l’Agence France-Presse, avait dit ceci: «C’est inespéré de voir un homme noir entrer au Panthéon. Et c’est un espoir qu’il ouvre la porte à d’autres.»

Nulle mémoire n’est tenue à l’infaillibilité: Jean Liseron n’a pas franchi l’espace qui sépare le livre du plateau de télévision? Nicolas Sarkozy avait pourtant écrit son nom, il n’avait pas imprimé. Cela arrive, et plus souvent aux gens de peu d’importance. Mais il y a mieux. Dans les journaux d’avril 2011, qui effectivement reprennent un article de l’AFP sur l’émotion du Panthéon, on trouve bien un Monsieur Jean Liseron, âgé alors de 64 ans, mais ne tient pas les propos que lui prêtera Nicolas Sarkozy.

Jean Liseron dit ceci, une phrase de lettré: «C’est un événement que l’on ne vivra qu’une fois, voir un grand homme des Caraïbes qui a fait connaître les valeurs de la négritude et de l’humanisme, entrer au Panthéon.» Et c’est une femme, que l’AFP décrit comme guadeloupéenne, âgée de 31 ans, nommée Myriam Berville, qui prononce les phrases suivantes: «C’est inespéré de voir un homme noir entrer au Panthéon. Et c’est un espoir qu’il ouvre la porte à d’autres.»

On pourra dire que cela n’a pas grande importance; globalement, Nicolas Sarkozy, par Césaire au Panthéon, rendit des gens heureux et qu’importe qu’on les confonde, qu’on les oublie, que leurs mots se mélangent, puisqu’ils ne sont qu’une foule, noire, qu’un président a servi? Cela ne tient pas. Il n’est pas si difficile de lire des archives, et de les recopier sans se tromper, et si Nicolas Sarkozy, ou ses preneurs de notes, voire ses écrivains fantômes (pourquoi ai-je ce soupçon?) ne l’ont pas fait, cela révèle un peu plus qu’une distraction.

De la désinvolture, un manque d’intérêt pour d’autres que soi-même, mais ce manque d’intérêt contraste avec la passion minutieuse que met l’ancien président à régler ses comptes, car dans son même livre, Aimé Césaire, décidément bien commode, lui donne l’occasion de dénigrer Ségolène Royal, les «commentateurs professionnels», les «petits marquis de la gauche», et de justifier aussi bien sa défense de l’identité que son discours de Dakar… Trop à lui-même et si peu aux autres, comment ne pas plaindre cet homme, quand bien même on l’éprouverait?

Il faut considérer chez Nicolas Sarkozy une blessure sacrée, intime et indicible. Chacun d’entre nous doit confronter sa vie à ce qu’elle promettait; mais nous ne sommes pas un ancien président, ayant cru rendre un pays à lui-même, meilleur et dynamique, enthousiaste, et ayant à ce point échoué: chassé du pouvoir dans une tension extrême, incarnant un ordre mesquin contre la société, et jugé au contraire de ce qu’il voulait être.

Il aurait fallu d’autres circonstances pour que Nicolas Sarkozy soit vraiment l’ami d’Aimé Césaire et son continuateur, pas simplement dans un discours funèbre et une griserie télévisée. Tout aurait été différent, et d’abord pour cet homme qui doit, faute de vérité, se raconter une histoire, s’y abriter, s’y calfeutrer, magnifier et inventer ce qu’il fut, presque. Mais sent-il sa part de mensonge, sa défaite, ce qui ne reviendra jamais? Je ne m’étonne pas qu’après avoir parlé d’Aimé Césaire, quelques minutes après, Nicolas Sarkozy se soit aventuré dans une sentine de l’esprit, une voie sans issue.

Par Claude Askolovitch

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