Relations tendues entre les États-Unis et le Burkina Faso : Analyse des positions diplomatiques
Contexte géopolitique complexe au Sahel
Depuis la prise de pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré en septembre 2022, les relations entre le Burkina Faso et les États-Unis ont connu une détérioration progressive. Le jeune dirigeant burkinabè, à la tête d’un régime militaire issu d’un coup d’État, a progressivement réorienté la politique étrangère de son pays, s’éloignant des partenaires occidentaux traditionnels pour se rapprocher de puissances comme la Russie.
Dans ce contexte de reconfiguration géopolitique au Sahel, les déclarations du général Michael Langley, commandant de l’AFRICOM (Commandement américain pour l’Afrique), reflètent les inquiétudes américaines face à l’évolution de la situation sécuritaire dans la région et à l’influence croissante de Moscou.
Préoccupations américaines exprimées par le général Langley
L’AFRICOM, sous la direction du général Langley, a exprimé à plusieurs reprises ses préoccupations concernant la détérioration de la situation sécuritaire au Burkina Faso et les choix stratégiques du gouvernement Traoré. Parmi les points de friction majeurs:
- La présence du groupe Wagner: Les États-Unis ont régulièrement critiqué le rapprochement entre Ouagadougou et Moscou, particulièrement l’arrivée présumée de mercenaires du groupe Wagner (devenu « Africa Corps ») sur le territoire burkinabè.
- La lutte antiterroriste: Washington a exprimé des doutes sur l’efficacité de la stratégie adoptée par le régime Traoré pour combattre les groupes djihadistes qui contrôlent près de 40% du territoire national.
- Les droits humains: Les préoccupations concernant certaines exactions présumées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ont également été soulevées par les responsables américains.
La réponse souverainiste du président Traoré
Face aux critiques américaines, le président Ibrahim Traoré a systématiquement défendu une position de souveraineté nationale intransigeante:
« Le Burkina Faso est un pays souverain qui choisit librement ses partenaires en fonction de ses intérêts nationaux, » a-t-il rappelé à plusieurs occasions dans ses discours aux Burkinabè.
Le dirigeant de 36 ans a également dénoncé ce qu’il considère comme des ingérences occidentales dans les affaires intérieures de son pays, accusant parfois les puissances étrangères de soutenir indirectement le terrorisme pour maintenir leur influence dans la région.
Une Alliance des États du Sahel qui change la donne
La création de l’Alliance des États du Sahel (AES) en septembre 2023, regroupant le Mali, le Niger et le Burkina Faso, a considérablement modifié l’équation géopolitique régionale. Cette confédération de pays dirigés par des régimes militaires issus de coups d’État a renforcé la position du président Traoré face aux pressions extérieures.
Le général Langley a exprimé des inquiétudes quant à cette nouvelle configuration régionale qui réduit significativement l’influence américaine dans une zone considérée comme stratégique pour la lutte contre le terrorisme international.
Perspectives d’avenir
Les relations entre Washington et Ouagadougou semblent actuellement dans une impasse. D’un côté, les États-Unis maintiennent une position critique tout en cherchant à préserver certains canaux diplomatiques. De l’autre, le régime burkinabè poursuit son rapprochement avec Moscou et Pékin.
La capacité des deux parties à trouver un terrain d’entente dépendra largement de l’évolution de la situation sécuritaire au Burkina Faso et de la capacité du régime Traoré à obtenir des résultats tangibles dans la lutte contre les groupes terroristes qui déstabilisent le pays depuis près d’une décennie.
En définitive, ce bras de fer diplomatique illustre parfaitement les transformations profondes que connaît actuellement l’ordre international, avec l’émergence de nouvelles alliances et la remise en question de l’influence occidentale dans certaines régions du monde.
Le ras-le-bol des Africains face à l’ingérence française en Afrique
L’année 2025 marque un tournant décisif dans les relations franco-africaines. De Dak…