La marche des femmes sur Grand-Bassam
La marche des femmes sur Grand-Bassam est un événement historique majeur qui s’est déroulé en Côte d’Ivoire en décembre 1949. Cet acte de résistance a marqué la lutte pour la liberté et l’émancipation des Ivoiriens sous la colonisation française. Il s’agit d’une manifestation courageuse menée par des femmes contre la répression coloniale, qui a profondément influencé l’histoire du pays.
1. Contexte historique
Le Colonialisme Français en Côte d’Ivoire : Dans les années 1940, la Côte d’Ivoire, comme d’autres colonies françaises en Afrique de l’Ouest, subit une domination coloniale stricte, caractérisée par des inégalités économiques, sociales et politiques. Le travail forcé, l’exploitation agricole et la marginalisation des populations locales alimentent le mécontentement.
L’Engagement du PDCI-RDA : À cette époque, le Parti Démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI), dirigé par Félix Houphouët-Boigny, commence à émerger comme un mouvement nationaliste. Le parti militaire pour la fin du travail forcé et l’amélioration des conditions de vie des Ivoiriens. Cependant, le gouvernement colonial réprime les membres du PDCI-RDA, et en 1949, plusieurs militants du parti sont emprisonnés dans la ville de Grand-Bassam, ancienne capitale coloniale.
2. Les Causes de la Marche
L’Arrestation des Dirigeants du PDCI-RDA : En 1949, plusieurs dirigeants nationalistes du PDCI-RDA sont arrêtés par les autorités coloniales pour leur activisme politique. Ils sont accusés de subversion et de complot contre l’administration coloniale. Parmi les détenus figurent des figures importantes du mouvement indépendantiste comme Kouadio Jean-Baptiste Mockey et d’autres militants influents. Ils sont emprisonnés à Grand-Bassam, où ils subissent de dures conditions de détention.
La Colère des Femmes : Face à l’arrestation de leurs maris, frères et fils, et aux persécutions continue, les femmes proches des militants emprisonnés décident de réagir. Elles voient dans ces emprisonnements une tentative de briser le mouvement pour l’indépendance, et leur indignation atteint son paroxysme lorsque les conditions de détention et la brutalité des forces coloniales envers leurs proches deviennent insupportables.
3. Le Déroulement de la Marche
Organisation de la Manifestation : Sous la direction de femmes influentes, comme Anne-Marie Raggi et Marie Koré, environ 2000 femmes issues de diverses régions de la Côte d’Ivoire s’organisent pour marcher vers Grand-Bassam. Ces femmes, pour la plupart des enjeux de milieux agricoles et ruraux, décident de braver la répression coloniale pour exiger la libération des prisonniers politiques du PDCI-RDA.
La Marche : En décembre 1949, des centaines de femmes réparties dans plusieurs localités pour se rendre à pied à Grand-Bassam, situé à environ 40 km d’Abidjan. Elles entament leur marche dans des conditions difficiles, défiant les interdictions et les menaces des autorités coloniales. Leur objectif est de se manifester pacifiquement devant la prison où leurs proches sont détenus.
Répression Violente : Lorsque les femmes arrivent à Grand-Bassam, elles sont confrontées à la brutalité des forces coloniales françaises. Les autorités tentent d’empêcher la manifestation en déployant des forces armées. La marche pacifique tourne rapidement à la confrontation violente : les femmes sont dispersées à coups de matraques, et certaines d’entre elles sont blessées par des balles tirées par les soldats coloniaux. Malgré cette répression violente, leur courage et leur détermination ont marqué les esprits.
4. Conséquences et impact
Symbole de Résistance : La marche des femmes sur Grand-Bassam devient rapidement un symbole de la résistance contre le colonialisme français. Ces femmes, en grande majorité non instruites, montrent une détermination et un courage inébranlable face à une répression brutale. Leur action inspire non seulement les Ivoiriens, mais aussi d’autres mouvements de lutte pour l’indépendance en Afrique francophone.
Renforcement de la Mobilisation pour l’Indépendance : Cet événement galvanise le PDCI-RDA et d’autres militants pour l’indépendance. Bien que la marche ne conduise pas immédiatement à la libération des prisonniers, elle attire l’attention internationale sur la répression en Côte d’Ivoire et intensifie la lutte pour l’indépendance du pays.
Rôle des Femmes dans la Lutte Nationale : La marche de Grand-Bassam révèle le rôle clé que les femmes ont joué dans la lutte pour la liberté et la justice en Côte d’Ivoire. Les figures féminines de cette marche, notamment Marie Koré, sont célébrées comme des héroïnes nationales, et leur action souligne l’importance de la participation des femmes dans les mouvements de libération en Afrique.
5. Héritage et Mémoire
Marie Koré et les Héroïnes de Bassam : Parmi les femmes les plus célèbres de cette marche, Marie Koré se distingue par son rôle de leadership. Elle est aujourd’hui considérée comme une héroïne de l’indépendance ivoirienne. Elle a payé de sa personne pour cette cause, ayant été brutalement battue pendant la répression. Elle demeure une figure emblématique de la lutte féminine pour l’émancipation en Côte d’Ivoire.
Commémorations : Aujourd’hui, la marche des femmes sur Bassam est commémorée en Côte d’Ivoire comme un acte de bravoure et de résistance contre l’oppression coloniale. Cet événement est célébré chaque année pour honorer la mémoire des femmes qui ont risqué leur vie pour la liberté.
En conclusion, la marche des femmes sur Grand-Bassam de 1949 est un événement marquant dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. C’est l’un des symboles les plus forts de la lutte anticoloniale, illustrant le courage et l’engagement des femmes dans la quête de liberté et de justice. Ces femmes, en marchant contre l’oppression coloniale, ont contribué à faire avancer la cause de l’indépendance et ont inspiré des générations futures de militants pour la liberté et l’égalité en Afrique.
Par la Rédaction VIRTUSINFOS
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