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Moyen-Orient: Doit-on craindre une guerre de grande ampleur ?

Le risque d’une guerre de grande ampleur au Moyen-Orient est une préoccupation constante, étant donné la complexité géopolitique de la région et les multiples conflits en cours. Divers facteurs pourraient conduire à une escalade régionale, mais le déclenchement d’une guerre généralisée dépend de plusieurs éléments interconnectés.

Facteurs augmentant le risque d’un conflit de grande ampleur :

  1. Les tensions israélo-palestiniennes :
    • Le conflit entre Israël et les Palestiniens reste un foyer de violence avec des épisodes récurrents d’escalade, comme les guerres entre Israël et le Hamas (en 2021, par exemple). Les affrontements à Jérusalem ou autour des territoires occupés en Cisjordanie peuvent dégénérer en une guerre plus large si des acteurs régionaux s’y impliquent, tels que le Hezbollah au Liban ou l’Iran, qui soutient le Hamas et d’autres groupes armés.
  2. Le rôle de l’Iran et ses proxys :
    • L’Iran joue un rôle central dans les tensions régionales à travers son soutien aux groupes armés comme le Hezbollah au Liban, les milices en Syrie et en Irak, ainsi que les Houthis au Yémen. Les tensions entre l’Iran et Israël sont particulièrement préoccupantes, avec des attaques aériennes israéliennes répétées en Syrie visant des positions iraniennes. Une confrontation directe entre Israël et l’Iran pourrait entraîner une guerre régionale impliquant plusieurs pays.
    • De plus, la question du programme nucléaire iranien reste une source majeure de conflit. Si les négociations autour de l’accord sur le nucléaire (JCPOA) échouent et que l’Iran poursuit son enrichissement d’uranium à des niveaux proches de l’arme nucléaire, Israël pourrait envisager des frappes préventives, entraînant une réaction violente de l’Iran et de ses alliés régionaux.
  3. Les rivalités entre puissances régionales (Arabie saoudite et Iran) :
    • L’Arabie saoudite et l’Iran sont engagés dans une lutte d’influence qui alimente de nombreux conflits dans la région, y compris au Yémen, en Syrie et en Irak. Bien que ces rivalités ne se soient pas encore transformées en un conflit direct, le soutien militaire et financier que chaque pays apporte à ses alliés locaux pourrait provoquer une escalade.
    • Le conflit au Yémen, par exemple, est souvent vu comme une guerre par procuration entre l’Arabie saoudite, qui soutient le gouvernement yéménite, et l’Iran, qui soutient les rebelles Houthis. Une intensification de ce conflit pourrait impliquer d’autres puissances régionales, en particulier si la situation dans le détroit d’Ormuz, vital pour le transport pétrolier, est menacée.
  4. Les guerres civiles en Syrie et en Irak :
    • Bien que la guerre en Syrie ait perdu de son intensité par rapport à son apogée, le pays reste fragmenté, avec des interventions étrangères continues de la part de la Russie, de l’Iran, de la Turquie et d’Israël. Si une nouvelle phase de conflit éclatait en Syrie, cela pourrait entraîner un effet domino dans la région.
    • En Irak, la présence continue de milices soutenues par l’Iran et les tensions internes entre les différentes communautés pourraient également déstabiliser davantage le pays, avec des implications régionales.
  5. La Turquie et ses ambitions régionales :
    • La Turquie, sous la direction de Recep Tayyip Erdoğan, cherche à accroître son influence dans la région, en particulier en Syrie et en Libye, mais aussi en Méditerranée orientale, où elle se dispute des zones économiques maritimes avec la Grèce et Chypre. Ces ambitions pourraient créer des frictions supplémentaires avec d’autres puissances régionales, comme l’Égypte, Israël et les pays du Golfe.

Facteurs limitant le risque de guerre généralisée :

  1. Fatigue des conflits :
    • Après des décennies de guerres et de violences, de nombreux acteurs régionaux sont épuisés par les conflits prolongés. Les guerres en Syrie, au Yémen, et les tensions internes en Irak ont laissé des traces profondes sur les populations et les économies. Cette « fatigue des conflits » pourrait inciter certains États à éviter une escalade inutile.
  2. Les Accords d’Abraham et les nouvelles alliances :
    • La normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes (Émirats arabes unis, Bahreïn, Maroc, Soudan) dans le cadre des Accords d’Abraham en 2020 a ouvert une nouvelle ère de coopération. Ces alliances pourraient agir comme un contrepoids à l’influence de l’Iran et encourager une plus grande stabilité régionale. Toutefois, cette dynamique exclut les Palestiniens, ce qui laisse le conflit israélo-palestinien non résolu.
  3. L’implication des grandes puissances :
    • Les grandes puissances, notamment les États-Unis, la Russie et l’Union européenne, ont des intérêts dans la stabilité du Moyen-Orient, en particulier en raison des implications économiques (pétrole, sécurité énergétique) et géopolitiques. Bien que les États-Unis se soient progressivement retirés des engagements militaires directs dans la région, ils restent un acteur clé, notamment en ce qui concerne leur soutien à Israël et leur opposition à l’Iran.
    • La Russie, qui a renforcé sa présence en Syrie, cherche également à maintenir un équilibre pour éviter des conflits qui pourraient nuire à ses intérêts.
  4. Diplomatie régionale :
    • Des efforts diplomatiques récents, comme les pourparlers entre l’Iran et l’Arabie saoudite sous l’égide de la Chine, signalent une volonté de certains acteurs de désamorcer les tensions. De plus, l’influence croissante de la Chine et de la Russie dans la région pourrait inciter à davantage de dialogue.

Conclusion

Bien qu’il existe plusieurs facteurs qui augmentent le risque d’une guerre généralisée au Moyen-Orient, de nombreux acteurs, tant au niveau régional qu’international, sont conscients des coûts énormes d’un tel conflit. Une guerre d’envergure pourrait enflammer toute la région, impliquant potentiellement Israël, l’Iran, l’Arabie saoudite, la Turquie et d’autres acteurs, avec des conséquences dévastatrices. Toutefois, les efforts diplomatiques, la fatigue des conflits et les nouvelles alliances régionales sont autant de freins à une telle escalade.

Cela dit, des épisodes de violences localisées ou des guerres par procuration restent probables, surtout dans des zones comme Gaza, le Liban, la Syrie ou le Yémen. Une vigilance constante et des efforts de médiation sont essentiels pour empêcher que ces conflits ne s’étendent à toute la région.

Par la Rédaction VIRTUS

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