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Afrique: « La riposte climatique sera technologique »

Philippe Wang, Président Digital Power et Vice-Président Exécutif de Huawei Northern  Africa

L’Afrique détient la clé de la révolution énergétique mondiale compte tenu de ses ressources naturelles  et de ses capacités de stockage de COqui en découlent. Le 1er Sommet Africain sur le Climat a donné  le ton et marqué l’engagement majeur des pays africains à quintupler leurs capacités énergétiques d’ici  2030. Les chefs d’États et de gouvernements africains ont aussi profité de cette tribune internationale pour appeler à accélérer les investissements afin de favoriser l’utilisation de ressources durables en  Afrique pour assurer son propre développement neutre en carbone. Pour accompagner ce développement, l’électrification du continent est indispensable. Aujourd’hui, près de 600 millions  d’Africains n’ont pas accès à l’électricité (soit environ la moitié de la population totale du continent), et  on estime que ce chiffre atteindra 1,2 milliard d’ici à 20501. Cette stratégie énergétique devra s’aligner  sur les principes climatiques internationaux et encourager une croissance continentale zéro carbone.  Comment y parvenir ? L’Afrique n’a pas fini de démontrer ses atouts. Philippe Wang, Vice-Président  Exécutif de Huawei Northern Africa, et récemment nommé Président des activités Digital Power pour  la région, nous livre son constat.

Faire plus avec moins : l’Afrique, un modèle de croissance décarbonée en devenir 

Alors que la COP28 fut le théâtre des débats sur le sort des combustibles fossiles, la transition vers les  énergies propres en Afrique ne se négocie pas. D’ici à 2050, l’économie numérique du continent sera  multipliée par six pour atteindre $712 milliards (Endeavor, 2022). Cette croissance exponentielle, en  particulier dans l’industrie de l’énergie, est un levier majeur pour accroître l’accès à l’électricité, où une  personne sur deux en est encore privée. À mesure que le continent voit sa population augmenter, son  industrialisation et son urbanisation s’intensifier, ses besoins énergétiques vont nécessairement croître – ils pourraient doubler d’ici à 20502. Néanmoins, cela n’implique pas nécessairement une augmentation  proportionnelle de la consommation énergétique, puisque des technologies peuvent être adoptées pour  gérer cette amplification de façon efficace. Il est clair que la riposte climatique de l’Afrique sera d’abord  technologique.

Les technologies numériques ouvrent des perspectives considérables. Par exemple, l’intelligence  artificielle ou encore le Cloud, appliqués à la production d’énergie solaire, sont utilisés pour développer  la maintenance prédictive des sites ou encore pour renforcer l’efficacité de la gestion thermique et du  stockage d’énergie, rendent cette industrie plus efficace et plus intelligente. Ces avancées permettent de  réduire de façon continue la consommation d’énergie des installations numériques et des sites  d’alimentation par exemple, des émissions de carbone par bit, et surtout du prix de production d’énergie  solaire photovoltaïque. Aujourd’hui, sur le continent, de nombreuses entreprises telles que la nôtre  permettant de faire plus avec moins tout en garantissant une croissance économique dynamique et une  transition énergétique réussie.

Le continent se prépare depuis près d’une décennie à un « leapfrog » énergétique – à l’image du bond  technologique que le continent a connu avec le mobile en contournant le développement de la téléphonie  fixe. Ce saut énergétique sera possible grâce au développement de l’énergie numérique.

Mc Kinsey Sustainability, Green Energy in Africa presents significant investments opportunities, October 2023 Idem.

Financer de nouveaux modèles d’infrastructures à l’ère de l’énergie verte  

Le renouvelable est la meilleure option dont dispose le continent pour résoudre ses défis d’électrification  et sa distribution hétérogène, mais le manque de financement et d’infrastructures adaptées sont des  obstacles majeurs. Alors que le continent dispose de plus de la moitié des ressources solaires mondiales  et de 40% environ des minéraux indispensables à la décarbonation, il ne capte que 3% des  investissements mondiaux dans l’énergie – c’est pourtant le nerf de la guerre. D’autant plus que nous  observons ces dernières années une réduction continue des coûts de l’électricité solaire notamment. Les  prix ont chuté de 82% entre 2010 et 2019. Ces énergies sont aujourd’hui bien plus compétitives que les  centrales à charbon ou de gaz. Les énergies renouvelables constituent ainsi la plupart du temps, non  seulement la mieux-disante, mais aussi la moins coûteuse des solutions pour établir un nouveau modèle  de production d’électricité. L’ancien président de l’Union Africaine, Macky Sall, Président du Sénégal,  avait d’ailleurs insisté sur le rôle central du numérique dans le processus de réduction des coûts de  l’énergie, lors de l’Africa Adaptation Summit, organisé l’an dernier en amont de la COP27. Il est  important que tous les acteurs puissent participer à accroître les investissements, notamment en matière  de R&D, pour accélérer la décroissance des coûts.

L’architecture des systèmes d’infrastructures du futur paysage énergétique africain présente un détail  tout particulier. Les solutions innovantes sont déployées à grande vitesse et permettent alors de trouver  un équilibre de distribution combinant réseaux traditionnels, mini-réseaux et hors-réseaux pour  permettre une meilleure inclusion énergétique dans les territoires et une diversification du mix  renouvelable. L’accroissement des mini-réseaux solaires accessibles et abordables, pour les foyers mais  aussi les industriels, a complètement changé la donne en Afrique. La part de la population ayant accès à  l’électricité hors réseau a d’ailleurs été multiplié par dix au cours de cette dernière décennie. L’Afrique est à l’aube d’une révolution verte, avec des pays affichant déjà de grandes ambitions. La Côte  d’Ivoire, où le taux d’accès à l’électricité est parmi les plus élevés dans la sous-région (71%), souhaite  parvenir à l’accessibilité universelle d’ici à 2030. Le Maroc quant à lui, envisage toutes les options pour  réduire ses importations de combustibles fossiles. Aucun acteur de cet écosystème complexe ne pourra  faire cavalier seul. La coopération industrielle sera cruciale pour développer une industrie énergétique  numérique florissante pour une Afrique plus verte.

La rédaction

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